Pour la 14 ème édition de la Val de Lorraine Classic je me suis inscrit en toute dernière minute. L’envie de rouler et surtout d’essayer dans de bonnes conditions mon nouveau jouet étaient trop fortes.
Avec le numéro 484, samedi nous allions partir dans les derniers pilotes, juste avant les Suisses. Ma is dimanche grâce au départ par numéros inversés, c’était des spéciales quasiment vierges au programme.
Toute la semaine avant la course les spéculations sur la météo, élément majeur de cette course de début d’année, allaient bon train, chaque jour ou presque les prévisions différaient, chaque télé, chaque site et même chaque application était scrutée et l’on s’attendait finalement à un week-end froid et humide.
Prévision juste à 50% car le froid était bien présent, renforcé d’un vent vif et cinglant.
Bien heureusement, ce vent si désagréable a judicieusement chassé les nuages et la journée de samedi n’a vu qu’un peu de crachin. Pas pluie, même pas une averse pour détremper un terrain qui n’en avait d’ailleurs pas besoin.
Reprenons la chronologie, avec un départ d’Alsace en début d’après-midi, les contrôles administratifs puis techniques furent passés avant la foule des arrivants tardifs et des pilotes partis en reconnaissance des 9 spéciales au programme des ces deux jours de course. Nous avons donc partagé un pot Jean-Marie en attendant les autres englués dans la queue du contrôle technique.
Un repas rapide et direction dodo, car même si le départ du samedi est annoncé tardif (10h pour JMB et moi-même) on préfère prendre des réserves d’énergie et de la marge pour chasser le stress.
Samedi matin 10h, départ dans les chemins pour le premier CH. Je remarque tout de suite que les vieux bib’s montés dans la semaine sont carrément en fin de vie, l’avant est lourd et l’arrière gigote. Sur route c’est carrément pénible mais dans les chemins ça passe, il faudra rester cool pour ne pas taper trop fort sur la jante.
Justement cela tombe bien, car la 250/4t semble apprécier le pilotage coulé à condition de rester dans la bonne plage de régimes. La liaison est facile, à peine une grimpette où il faut slalomer entre les motos tanquées et le reste s’enfile facile.
La première spéciale est une punition pour moi. Je ne trouve ni le grip ni les bons régime moteur.
La seconde spéciale dans le verger est déjà bien plus agréable, je m’applique à comprendre comment marche la moto mais tous mes tests ne sont pas forcément concluants. A défaut de faire des chronos corrects je m’amuse ce qui est bien l’essentiel.
Le ravitaillement se passe bien, la camionnette est bien visible et nous avons largement le temps de faire le plein et de grignoter. Le CH2 me semble plus pénible à rouler, pas plus dur techniquement mais assez éprouvant avec peu d’espaces de repos. La 3ème spéciale est une classique, je me laisse malheureusement prendre au jeu de la course et sans reconnaissance la sanction tombe, je tente un dépassement juste avant un saut et je suis bon pour une cabriole, heureusement la moto repars au premier coup de démarreur et je repars à l’assaut de ma proie. J’ai laissé dans l’affaire de grosses secondes et un protège main.
La spéciale « hard » avec sa bascule et sa buse est abordée en douceur, je suis échaudé de ma cascade et je sais que sur ce type de sol la chute fera beaucoup plus mal, je joue donc tellement la sécurité que j’avance moins vite qu’en liaison et je n’ose tenter aucun dépassement. Il y a un bouchon en haut du hard, je dois même redescendre pour passer par le soft.
Le tour est terminé, un rapide tour de la moto me montre que j’ai perdu une vis sur le garde boue arrière, c’est celle où j’avais fixé ma sangle, j’ai du oublier de la sécuriser au frein filet et avec les chocs amplifiés par le bib mort cela bouge forcément. Heureusement nous avons largement le temps de fixer ça avant de repartir.
Le second tour s’annonce plus sportif, je me colle à la roue de Jean-Marie et prend son rythme pour la liaison. C’est impressionnant de voir sa facilité, j’ai besoin de forcer pour ne pas le lâcher alors qu’il semble enrouler sereinement.
Mais le voir passer dans les trous me rassure et je roule finalement mieux qu’en restant à ma cadence. On arrive à la SP1 où je roule mieux qu’au premier tour, je me fais encore piéger par la 250/4T en sortie de courbe, il faut vraiment trouver le bon rapport sinon la moto peine à s’extraire du virage, décidément rien à voir avec mon ex 300/2T si tolérante sur la sélection. Je roule à peine mieux qu’au premier tour, ce qui compte tenu des ornières, une autre des mes bêtes noires, est plutôt positif.
Jean-Marie est entré en spéciale avant moi et La suite de la liaison est il m’y colle 30 secondes. Je reprends donc la liaison à son rythme et nous arrivons ensemble à la spéciale 2.
Encore ces erreurs de sélection, je n’arrive pas à m’appliquer en même temps sur la trajectoire et les vitesses. Pour couronner le tout les bras commencent à faiblir.
Le CH est salvateur, j’ai bien besoin de manger, heureusement qu’il n’y a rien à faire sur la moto. Je peux me reposer et détendre mes bras.
Dans le dernier CH c’est reparti pour un roulage en duo, je tiens la cadence jusqu’à l’entrée de la spéciale 3. Dans cette spéciale je m’applique à rouler proprement et assure tous les sauts en sécurité maximale, résultat sans tomber je suis allé moins vite qu’au premier tour… La fin du CH ainsi que la spéciale 4 sont abordés plus calmement, je sais que les temps sont larges et que 10 minutes supplémentaires sont accordées dans ce dernier CH de la journée. Dans la spéciale je me pousse pour laisse passer deux pilotes énervés et l’un d’eux ne trouve rien de mieux que de se tanquer devant ma roue. Heureusement que le haut de la première section hard est fermé car il avait l’air bien creusé. J’entends une bande d’énervés arriver derrière moi dans la seconde partie hard, je me pousse mais il n’y a plus personne, ils sont restés en tanqués et passent par le soft. Décidément c’est la loterie ce tracé.
Mon temps est aussi mauvais qu’au premier tour, mais j’ai pris le plaisir de bien passer les obstacles.
C’est maintenant l’heure de la mécanique, tension de chaine et à nouveau une vis pour le garde boue. Je vérifie également les fusibles car ma batterie ne donne plus signe de vie. Heureusement que la WRF démarre très bien au kick car je ne trouve pas la panne. Je donne un coup de main à Jean-Marie car une cosse de sa plaque phare est dessertie et il faut absolument un phare fonctionnel pour le départ du dimanche.
Voila les motos sont au parc. Demain départ matinal à 8H31.
Apéro avec Mathieu et la bande de campeurs en attendant le retour de la camionnette, puis douche et un repas sympa avec la bande des L1 du 68. L’ambiance est très bonne et les écarts de niveau ne sont pas de freins à la convivialité et aux échanges d’anecdotes. C’est juste un peu flippant de penser que la majorité des pilotes autour de la table a la moitié de mon âge.
Le réveil est dur, j’en tombe même du lit et m’explose la main sur le crépi mural. Après un petit dej express car je n’ai pas d’appétit du tout, nous arrivons sur le camping à 7h30. Objectif mise en place de l’assistance, car nous partons décalés environ 15 minutes avant les autres pilote du groupe. Il faudra jouer serré pour les ravitaillements.
Premier stress au parc et mécanique de dernière minutes, une moto est tombée sur celle de Jean-Marie, le levier de frein est tordu, les cocotes sont déréglée, la poignée de gaz frotte mais surtout la cosse réparée la veille est à nouveau arrachée. Heureusement que j’ai quelques outils.
8H31 le verdict tombe, le phare fonctionne et nous partons dans la liaison. J’ouvre la trace en m’efforçant de prendre la même cadence qu’hier. Cela fonctionne plutôt bien et je m’élance avant JMB dans la spéciale 5.
Sans reconnaissance, rouler vite me semble compliqué. En prime mes bras ne tiennent pas la longueur et vers la fin de la spéciale je laisse passer Jean-Marie pourtant parti bien après moi. C’est sans appel, il me colle plus d’une minute.
Un cafouillage dans les flèches en liaison lors du passage sur le Buzion et hop je tombe dans un trou d’eau glaciale. Finir la liaison est un calvaire et l’arrivée à Moivrons après son fameux ruisseau est un réel soulagement. C’est un peu compliqué de trouver l’assistance car une petite camionnette blanche c’est pas super original comme véhicule sur un CH. J’ai heureusement de la marge pour changer de gants, faire le plein et manger.
On arrive ensemble dans la spéciale 7. Je la trouve assez dangereuse et pleine de pièges. C’est donc option prudence et finalement cela passe plutôt bien comme ça.
Petit stress au CH7. Pas d’assistance en vue, nous jouons donc la sécurité en achetant un peu d’essence à la camionnette d’un autre pilote.
La SP8 est superbe, idéale pour faire hurler le petit 4T, je commence à assimiler le mode d’emploi. Le tracé est sécurisant malgré les banderoles non différenciées, c’est si pratique d’avoir une couleur pour la droite et une pour la gauche. Je ressors de la spéciale avec un grand sourire.
Le CH8 est juste avant la fameuse spéciale de Champey, il est clairement annoncé qu’il ne sera pas possible de revenir faire de l’assistance après la spéciale, nous trouvons heureusement assez facilement notre ravitaillement et nous avons le temps d’alléger un peu les motos de leur charge de boue.
Tout de suite après le CH c’est la spéciale, toute à flanc de coteaux, avec ses passages un peu technique mais surtout une longueur fatale à ma petite forme. Je roule correctement sur les deux premiers tiers mais termine avec une crampe terrible dans le pouce droit, je peux à peine tenir le guidon.
Je vais même passer par une phase de calvaire en liaison, la douleur est omniprésente dans tout mon bras droit, les fourmillements du matin sont maintenant un engourdissement. Cela devient pénible de tenir la moto droite dans les ornières.
J’ai perdu le contact avec Jean-Marie et me fait régulièrement doubler. En regardant le chrono du compteur je fais même une erreur de calcul, pensant être en retard du mon pointage. Cela me donne un coup de fouet et je repasse en mode course, j’arrive plein de stress au CH où je retrouve l’assistance toute détendue qui me dit que j’ai 45 minutes d’avance sur l’horaire. C’est donc le dernier plein et on patiente en profitant du soleil lorrain.
Le dernier CH est une formalité, je roule cool en m’efforçant de garder un peu de forces pour la « spéciale du chef ». Nous ne l’avons pas reconnu mais au dire des autres elle s’annonce plus technique que l’année dernière.
Voila je suis dans la file d’attente pour m’élancer, je passe en mode trialiste avec comme seul objectif de ne pas me faire mal et de ne rien casser. Pour moi c’était le bon choix, je ne passe pas vite mais l’objectif de rallier l’arrivée entier est atteint. Je m’offre même le plaisir de passer les pneus et plusieurs autres obstacles à zéro, je sais qu’en enduro cela ne sers à rien, mais c’est un plaisir personnel.
Le retour par la route est frigorifiant. Quand le reste du groupe arrive enfin les habits secs et relativement chauds sont la meilleure des récompenses.
On charge et après un apéro bien au chaud dans l’accueillant camping car de Mathieu le convoi prend la route pour un sympathique restaurant de St-Die.
La moto est au garage, après une dernière promenade du toutou, je me précipite sous une douche longue et brulante avant de rejoindre le pays des rêves. Toute la nuit je passe les vitesses, plante les freins et cherche de nouvelles traces.
Le réveil n’est pas évident, mais étonnamment peu douloureux. La petite moto serait-elle finalement réellement moins fatigante ?
Les courbatures sont rares et seule mon épaule grippée rappelle à mes souvenirs mon manque de forme. Avec la 300 j’avais besoin de quasiment une semaine de récupération après deux jours de course, là j’ai presque envie de ressortir la moto de l’atelier.
Maintenant la tête est pleine de souvenir, je surfe à la recherche des classements et des clichés pour profiter encore une fois de ce weekend si sympathique.
Vivement la prochaine, la vie est belle.
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